Chroniques : Le 29 juin 2018
Gardénia (Kutchinashi) que j'ai cueilli du buisson près de chez moi. Ils sont en pleine floraison actuellement et je m'ennivre de leur parfum de paradis! S'il vous arrive d'en croiser au bord du chemin, sentez et vous n'en reviendrez pas!
Ohayô Gozaïmass! J'aime beaucoup cette manière de dire un bonjour matinal au Japon, c'est frais, énergique! Le "gozaïmass" ajoute la connotation polie d'un registre plus soutenu. Voilà, la saison des pluies s'est installée vers le début du mois, par conséquent, nous avons eu beaucoup d'averses, surtout, c'est drôle, les mercredis! J'ai remarqué avec étonnement que le son des gouttes d'eau du ciel piquant la toile tendue de mon parapluie s'assimilaient étrangement à celui d'un petit feu de braises craquantes... Bref, qu'il pleuve donc actuellement est tout à fait normal et souhaitable afin de remplir nos lacs que nous boirons... tout au long de l'été caniculaire humide et "sec", dans le sens de "sans pluie"! Cette mousson cependant nous octroie quelques pauses d'éclaircies bien estivales où le rossignol, à la voix bien entraînée maintenant depuis le début de mars, est remonté comme un coucou suisse! Les jours chauds et lourds où les vêtements collent à la peau commencent à s'installer et mon gentil éventail, m'accompagne à présent lors de mes sorties. Voilà, je commence mon article par des informations et ressentis météorologiques, comme dans la tradition japonaise où l'on débute la moindre conversation, le moindre message écrit par cela! Me serais-je encore un peu plus "tatamisée"?
Le séisme du 18 juin
Voilà, un important séisme a donc secoué la région du Kansai où j'habite le lundi 18 juin, à l'heure du petit-déjeuner. Je m'apprêtais à faire du thé et à me faire griller un toast quand soudain... ça tremble de manière désordonnée sous mes pieds, les Fusumas (portes coulissantes) jouent les claquettes, ainsi que les casseroles sur les meubles fixées au plafond par des perches anti-sismiques, tout cela sur un étrange bruit de fond de tempête. Un peu déséquilibrée, je bondis vers le salon et m'agrippe à la cloison. Ma fille déboule au galop et se faufile à la vitesse de l'éclair sous la table tel un lapin dans son terrier, comme elle l'a appris à l'école. L'impression que la maison se trouvait sur la benne d'un camion aux mauvaises suspensions roulant sur une route chaotique. Je regardais, je ressentais, fascinée par ce qui était en train de se passer....Le calme revenu, je me rendis seulement compte que mon coeur battait la chamade, animé d'une certaine peur tout de même de nous prendre l'étage supérieur sur la tête. Tout en sachant que notre immeuble a été construit après le gros tremblement de terre de 95 sur des normes anti-sismiques sérieuses et de ce fait, très très sûr, il existe toujours un doute. Si j'étais à 100 pourcent certaine que rien de grave ne pourrait arriver, je dirais que c'est une expérience intéressante. On se rend compte soudain de cette énergie, cette vie sous nos pieds, le sol que l'on croit statique. Une minute plus tard, nos téléphones mobiles sonnent pour nous prévenir du désastre, suivis du haut parleur du quartier. Ah bon? Un tremblement de terre (Jishin 地震) vous dites? Ah, nous ne nous en étions pas aperçus!
Franchement, faut-il être masochiste pour aller s'installer dans le pays le plus sismique du monde, sur la "ceinture de feu du Pacifique"?
Bon, relativement peu de dégâts pour cette fois heureusement, plutôt des désagréments: des milliers de gens coincés des heures dans des gares, des trains... C'est ce qui est arrivé à une amie de ma fille de qui son train s'est arrêté et n'est plus reparti ce jour. Ils ont alors fini par ouvrir les portes aux passagers afin qu'ils puissent retourner chez eux à pied le long de la voie ferrée. Elle aurait marché quatre heures et rapporte que ce fut une expérience intéressante de sa jeunesse.
Mais, si seulement il n'y avait pas eu de morts. 3 ou 4 octogénaires écrasés par des meubles tombés dans leur maison, et surtout, cette pauvre petite fille de 9 ans, sur qui est tombé le vieux mur vétuste de la piscine de son école. C'est pour moi la plus grande ombre que je traine de cet évènement. Pourquoi, dans un lieu public, comme une école de surcroit, ne contrôle-t-on pas, ne construit-on pas sur des normes anti-sismiques??? Suite à cet accident, après contrôle, il s'est avéré que le Japon regorge encore de ce type de failles auxquelles le pays a décidé de remédier. Pourquoi fallait-il que cette petite meure??? J'avoue que je suis triste et assez révoltée.
Spiderman à Paris
Quelques semaines avant, il y eut, à Paris le sauvetage de cet enfant accroché à l'extérieur d'un balcon du 4e étage d'un immeuble, par un courageux garçon aux allures de Spiderman qui émut la terre entière jusqu'au Japon, où mes étudiants me le rappelaient à chaque début de cours. "Sugoï, sugoï" (Super, super).
Et cela me rappela une émission de télévision du style "incroyable mais vrai" où ils avaient réalisé le remake d'une histoire qui eut lieu dans le Kansai, entre Osaka et Kobé, il y a quelques dizaines d'années. Des barres d'immeubles colorées, comme partout dans le monde, un chaud après-midi d'été, un appartement au 4e ou 5e étage, également. Ses trois enfants faisant la sieste, une maman décida d'en profiter pour sortir vite acheter le nécessaire à cuisiner des Yakisoba, (nouilles sautées en sauce), qu'elle cuisinerait pour le dîner. Celle-ci n'imaginait pas une seconde que son plus petit d'environ 3 ans allait se réveiller, la chercher partout jusqu'à prendre une chaise pour escalader la rampe du balcon et se retrouver suspendu de l'autre côté. Des jeunes, quelques adultes dans le parc en bas assistèrent stupéfaits et impuissants à la scène. Le petit lâcha une main pour regarder vers le bas. Les pompiers avaient été appelés mais ils n'arriveraient peut-être pas à temps. En effet, très vite l'enfant lâcha prise et tomba dans le vide pour se retrouver au sol, sain et sauf, poursuivant sa quête, trottinant en disant "mama, mama..." Un monsieur retraité, ancien champion de volley-ball, eut le réflexe ultime de joindre ses mains en avant comme pour renvoyer la balle lors de la pratique de ce sport, courir se positionner genoux fléchis sous l'enfant pour l'attraper souplement entre ses deux bras tendus qui amortirent optimalement la chute. A bon entendeur pour qui ne sait pas grimper sur les immeubles!
Histoire de classe: le football
Donc, après Mamoudou et le Séisme, en pleine coupe du monde, tous ne parlent que de football, sport pour lequel les Japonais aussi maintenant montrent leur engouement toujours plus grand Personnellement, pardon, mais je n'arrive pas à m'intéresser au Sakkâ, comme ils disent ici. Regarder pendant des heures entières des types courir après un ballon... Bon puisque cela apporte de l'énergie et de l'émotion au monde, tant mieux. J'en arrive même à envier les passionnés que cela fait vibrer! Ils doivent vivre des moments formidables! Mon mari me rapporte régulièrement les résultats des matchs qui ne me font ni chaud ni froid, pour que je n'aie pas l'air trop idiote en société, surtout que la France est bien placée. Je dis à ma classe de français que pour encourager l'équipe de France on dit: Allez les bleus! - Mais ils ne sont pas bleus, ils sont noirs - me répond une femme - Acquiescement général des autres. - Euh, aah, oui, en partie, c'est vrai, mais on dit tout de même: Allez les bleus, pour la couleur de leurs maillots! - Oui, mais les Japonais aussi sont bleus! - Effectivement, mais... Bon, texte page...
Voili voilà, excusez ce pavé, car quand je m'y mets... A bientôt. Bises collantes de canicule du Japon à vous qui passez par ici et avez aimé mon article.
Kansaijin
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Une année de ma vie au Japon - Mon exil
Ce fut pour Anna Fujimoto comme une intuition, une évidence, elle voulait faire sa vie au Japon. Voici donc une année de son existence au cœur du pays du soleil levant, une drôle de "planète" ...
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