Chroniques : le 11 juillet 2018
Non, je ne pourrai, à l'instar de Jacques Brel vous offrir "des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas", car oui, il pleut beaucoup au Japon à la saison de sa mousson, et, comme tout le monde, vous avez très probablement suivi à travers les médias notre épisode d'averses incessantes de la semaine passée qui ont duré trois jours et trois nuits, entrainant, derrière ses airs anodins, malheureusement, la mort et la disparition de plus de 100 personnes, ainsi que d'important dégâts matériels, bien davantage que notre précédent séisme. Une catastrophe de plus dans ce pays relativement serein, où les plus terroristes semblent être les éléments naturels.
Je n'avais jamais vu cela de ma vie, pleuvoir de cette manière, sans arrêt, sans une once d'éclaircie durant tout ce temps. Non, pas vraiment de vent, de tourbillon, de tempête, juste pleuvoir, insidieusement, balayant parfois d'un souffle énergique les toits de fumées d'eau. Puis les gouttières se sont mises à projeter des trombes d'eau, les rivières à gonfler, brunir, raser tout sur leur passage, maisons, et même ponts! Le modeste fleuve Yodogawa qui traverse Osaka prit étrangement des allures de Mékong!
Par conséquent, une fois de plus, paralysies du réseau ferroviaire, personnes bloquées impromptueusement dans des gares.
Des étudiants me lancent en français, assez fiers d'eux, qu'il "pleut des chats et des chiens"! D'où m'ont ils encore sorti cette expression surréaliste que je ne pourrai pourtant, pour cause, pas qualifier de "sans queue ni tête"? De l'anglais parait-il. Eh non, pardon, on ne dit pas ça en français, surtout que l'image n'est pas du tout parlante. "Existe-t-il une expression populaire alors pour dire qu'il pleut très fort?" "Oui: il pleut des cordes". Ils semblent déçus. "Ah! mais... rien avec des animaux?" J'hésite. Est-ce bien mon rôle de leur enseigner des choses pareilles? Bon, puisqu'ils y tiennent et au risque de choquer: il pleut comme vache qui pisse. J'ai droit alors à une quinzaine de paires d'yeux me fixant mi-stupéfaits mi-amusés accompagnés de quelques rires hésitants. Pour briser le malaise, j'enchaine avec le fait que l'environnement influe énormément sur la culture, et, par extension, sur la langue. La France est un grand pays à vaches (au propre comme au figuré d'ailleurs), et, de ce fait, il existe beaucoup d'expressions mettant en scène cet animal, à commencer par "vachement", puis "ah la vache!", "peau de vache", "c'est vache", "une vacherie", "le plancher aux vaches", "les vaches maigres", "les vaches à lait", "la vache enragée", et ..."parler français comme une vache espagnole" ajoute un monsieur dont cela s'avère justement le cas!
Puis, dimanche 日曜日, Nichiyôbi, le "jour du soleil", l'épaisse voûte grise qui nous servait de ciel s'est faite plus haute, les nuages se sont déchirés sur des pans de bleu inespéré. Lundi matin, pour commencer la nouvelle semaine, nous nous retrouvions soudain plongés au coeur de l'été, sa luminosité intense, sa chaleur, ses couleurs, et, surtout, le chant vibrant des cigales!
Joyeux été à tous!
Kansaijin
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Une année de ma vie au Japon - Mon exil
Ce fut pour Anna Fujimoto comme une intuition, une évidence, elle voulait faire sa vie au Japon. Voici donc une année de son existence au cœur du pays du soleil levant, une drôle de "planète" ...
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