Chroniques: Le 5 septembre 2018
... après le texte d'hier que je pensais poursuivre après avoir déjeuné avec ma fille, la situation des évènements du déluge annoncé s'est vite retournée si bien que s'il n'y a pas eu de typhon le 4 septembre, je suis le pape! Eh oui, j'avais sous-estimé ce typhon numéro 21. Je le voyais large, manquant ainsi de force et de densité. La télé japonaise, par expérience, se montre toujours extrêmement alarmiste, elle a d'ailleurs raison, au cas où, et je n'aurais pas mis le nez dehors. Je n'ai donc pas pu continuer d'écrire, car au milieu des nouvelles télévisées en direct que nous regardions, l'électricité s'est éteinte et mon ordinateur avec. Nous faisions donc partie du plus d'un million de foyers sinistrés du Kansai. De violentes rafales de vent se sont mises à faire valser les cordes raides de la pluie, floutant le paysage où les ombres des arbres menaient une danse échevelée. J'ai tiré les épais rideaux sur nos fenêtres au cas où elles cèderaient à la pression du vent s'y abattant lourdement, qui pouvait projeter violemment des débris de verre dans la maison, ce qui arrive parfois. Tout à coup, un fort bruit de craquement, c'était la cloison du balcon séparant le notre de celui de la voisine qui avait volé en éclats.
Puis le Taifuu 台風 est parti, assez vite, plus rapidement que d'habitude. Et nous avons impatiemment attendu le retour de notre précieuse électricité, dont dépend non seulement la lumière, mais aussi le climatiseur, le ventilateur, le réfrigérateur, l'eau et la chasse des toilettes, la sonnette les alarmes incendie, ... durant une vingtaine d'heures. Je n'avais jamais vécu cela, et voilà qu'en 2018 dans l'ultramoderne Japon!!! Un voisin est venu frapper à notre porte pour nous dire que le petit parc pour enfants derrière chez nous contenait un robinet d'eau, où l'on pouvait aller se ravitailler. Une bénédiction. A 19 heures, nous étions plongés dans l'obscurité. Fenêtres ouvertes sur la relative fraîcheur, et le chant des cricris de septembre, nous entendions marcher les gens, familles avec jeunes enfants vers le point d'eau, avec leurs lampes de poche, le son creux et puissant de l'eau projetée dans leurs seaux accompagné de leurs rires joyeux. Certains ont ensuite joué aux cartes à la lumière de bougies, de lanternes. Tous cela créait ainsi une nostalgique et conviviale ambiance camping. Petits, et même grands dadais comme nous, ont été plus que ravis de DEVOIR manger toutes les glaces restantes du congélateur en train de se réchauffer. Puis, je n'ai quasiment pas dormi gênée par la chaleur moite. A deux reprises, et, c'est drôle, ma fille aussi, avons rêvé que tout à coup "la lumière fut", mais elle n'est arrivée que naturelle au lever du jour, avec le soleil et le ciel bleu. Je suis allée travailler ce matin, vannée, après une douche à la bouteille en plastique dans ma baignoire, ma fille est sortie aussi, afin d'échapper à la chaleur. Nous nous sommes retrouvées pour manger à Kobe, et sommes rentrées dans l'espoir de retrouver à nouveau la lumière et l'air frais. Ils furent au rendez-vous, ainsi que, aïe, l'eau coulant à flot du robinet que je n'avais pas éteint après avoir extrait les dernières gouttes qui y restaient! Nous avons dansé de joie. Puis, j'ai découvert le terrible bilan de la catastrophe, et les images que vous connaissez.
Kansaijin