Chroniques : Le 7 avril 2019
Les cerisiers Sakura bordant nos routes, nos rivières, dans nos parcs, sont enneigés de printemps. En pensant avec tristesse à ma maman que j'avais photographiée, souriante, devant la rivière Shukugawa en fleurs, et qui n'était malheureusement déjà plus de ce monde à l'âge que j'ai aujourd'hui, je remercie Dieu qui, cette année aussi, me permet de les voir, ces nuées de douces caresses pour les yeux, et l'âme. La journée est magnifique de soleil et de chaleur, la première à nous offrir des températures vraiment agréables. La saison froide a été longue. C'est la fête...
Musique
Sakura, Il me vient toujours en tête cette chanson de l'année 2000 d'un groupe que j'aime bien, qui, à fond les décibels, fait planer sur les routes en voiture, fenêtres ouvertes sur le vent frais qui s'engouffre, fait danser les cheveux, comme lors de ce tournage pour une émission de télévision à laquelle je participais, dans l'air pur du Shinshû, les Alpes japonaises... La voilà, et les paroles en français aussi!
Elle évoque pour moi les tourbillons de pétales qui se détachent soufflés par le vent, tels de joyeux confettis blancs retombant en toute légèreté Hila-hila, sur nos épaules...
En parlant de chanson japonaise, rien à voir avec les sakuras, mais j'en ai découvert récemment une sublime. Cela faisait longtemps que je n'avais plus été ainsi transportée par une voix, une mélodie... Je vaquais à mes occupations chez moi quand elle s'est imposée, magnifique, dans la maison, thème d'un vieux dessin animé que regardait mon homme. Emerveillée, ébahie, hypnotisée, j'avais tout arrêté pour me laisser envelopper, imprégner, sans perdre une miette, de l'infinie tendresse qui en émane... Je ne l'avais jamais entendue, elle date de 1978, elle s'intitule: Yamato kara ai o komete "Avec tout mon amour, depuis Yamato", et c'est elle que je ne pouvais m'empêcher de fredonner sous les cerisiers en fleurs d'Arashiyama jeudi dernier. Même sans en comprendre les paroles, ce qu'elle transmet est juste énorme...
Une Gaijine dans un cours de cuisine pour Japonais et des baleines
Pour parler plus pragmatique, je suis allée participer, récemment, à une démonstration de cuisine qu'organise régulièrement le supermarché de mon quartier. Ce jour là, il s'agissait de plats cuisinés avec de la farine de riz. C'est que l'effet "sans gluten" et "manger sain" a gagné aussi le Japon.
Après avoir introduit mes affaires dans un casier, j'entre dans la petite cuisine. Deux tables de quatre chaises sont disposées en enfilade devant un comptoir derrière lequel parle et cuisine le professeur. Cinq personnes sont déjà présentes ainsi que la cheffe. Ils sont en pleine discussion... sur la pêche à la baleine. Je les salue en Japonais, et ils poursuivent : "Pourquoi ces Occidentaux viennent donc nous faire la morale? Est-ce-qu'on va les enquiquiner nous, quand ils mangent leurs vaches?" J'avance que l'ennui est peut-être que les baleines sont en voie de disparition... La cuisinière me fixe d'un regard stupéfait "Ja... japonais... vous... p.. parlez le japonais". A mon tour d'être surprise, un peu seulement, car je sais que pour un Nippon, un étranger est censé parler l'anglais et pas le japonais. "Mais pourquoi viendrais-je à votre cours si je ne le parlais pas?"réponds-je tout sourire, cachant comme je le pouvais mon certain agacement. "Oui, c'est vrai, pardon, quand vous êtes venue j'avais peur, le trac, d'être obligée de parler l'anglais". Ce que je ne comprends toujours pas est pourquoi ils se sentent OBLIGES de parler l'anglais dès qu'un étranger pointe son nez et surtout dans leur propre pays! Enfin... Elle poursuit et dit que non, ce n'est pas vrai, les baleines ne sont pas en voie de disparition, et qu'en plus, elles vident les mers de leurs poissons. Moi: "Mais les baleines se nourrissent uniquement de plancton non?" "Euh, oui, enfin, elles privent les petits poissons de leur nourriture et leur nombre diminue, c'est un problème... Et c'est très bon la baleine!" A tous d'obtempérer. Mon mari me dit aussi parfois que cette viande se fait très rare, qu'il en est nostalgique, qu'on en servait souvent à la cantine de son école quand il était enfant...
La démonstration commence. C'est intéressant. Le gratin à la béchamel sans farine de blé est bon, ainsi que le gâteau au chocolat, même si la professeure y a ajouté une montagne de sucre blanc! J'ai malencontreusement égaré quelque part chez moi, ces recettes, mais regardez le net, on y trouve pléthore de plats à base de farine de riz!
En cours de cours! moi, Française, parlant couramment le Japonais, je suis devenue, comme souvent, le centre d'intérêt au détriment même de la cuisinière à qui il arrivait, par moments, de parler dans le vide. A la fin, les gens l'ont remerciée elle, bien entendu, mais aussi moi de les avoir divertis! Seulement je n'ai pas touché de paye, mais bon, suis tout de même sortie riche de quelques connaissances en plus dans mon quartier!
Voyage de noces
Une amie s'est mariée l'an dernier. Elle s'appelle à présent Uméki 梅木, "arbre à prunes", comme ceux qui fleurissent joliment et sentent si bon au début de mars! C'est plutôt rare, original et tout à fait charmant je trouve, tout comme pour cette Française qui a épousé un "arbre à thé" (Tchanoki 茶ノ木). Bref, très occupé le couple a du reporter son voyage de noces à cet été. Son mari étant maître d'école primaire, elle me dit que pour un Japonais, il a beaucoup de temps libre et que par conséquent ils pourraient partir assez longtemps. Ils ont opté pour Londres et Paris. Du tourisme urbain dans le nord pour un voyage de noces?! Et la mer, le soleil, Nice, et l'Italie? Non. C'est encore toute une histoire de valeurs. "En fait, moi, je voudrais bien prolonger", me dit-elle, "mais nous n'avons qu'une semaine...
Le Fuji-san 富士山 (mont Fuji)
Enfin, j'étais partie quelques jours dans la région du mont Fuji, qui ne cessait de se cacher derrière les nuages. Pour terminer le voyage, il a fini par se dévoiler, presque complètement, derrière le lac Kawaguchi. Merci! Aligatô!
A bientôt!
Kansaijin, en direct de la floraison des sakuras!
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Une année de ma vie au Japon - Mon exil - Anna Fujimoto
Ce fut pour Anna Fujimoto comme une intuition, une évidence, elle voulait faire sa vie au Japon. Voici donc une année de son existence au cœur du pays du soleil levant, une drôle de "planète" ...
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