Chroniques: Le 23 juin 2019

Bonjour, Konnitchi-wa

C'est l'été, 夏 (Natsu), aah l'été, qui a toujours été ma période de l'année préférée! Pour les Japonais ça l'est depuis le 1er juin, et le sera jusqu'au 31 août, ils s'en tamponnent des solstices et sont toujours surpris lorsque je leur montre le calendrier français où les noms des saisons sont écrits. Il commence vraiment à faire chaud, même si cette année, plus que les autres, la chaleur se fait attendre, ou plutôt tarde agréablement ! Mais j'aime cette intensité, cette énergie de vie qui émane. Les hortensias sont revenus ça et là dans les jardins, avec leurs généreuses boules de petites fleurs aux couleurs fraiches gorgées, lourdes d'eau de mousson, serties de gouttes brillantes. La fraicheur du climatiseur sur le bois du plancher, les nattes de tatamis, donne cette sensation douce, cette odeur caractéristique de la saison chaude que nous aimons.

Le soir, des couchers de soleil veloutés par delà les nuages du pluie qui se déchirent...

Réactions surprenantes

Mais, quelque soit la saison, rien n'arrête les sorties surréalistes des Japonais... Ils ne se fatiguent jamais...

J'aime ouvrir grandes les fenêtres de notre appartement afin de laisser passer le vent, le chant des oiseaux. Dans une mégapole comme celle que j'habite, cela relève d'un luxe à mon sens. Une voisine de quartier en visite chez moi me répond d'un ton excédé que "Oh, chez moi c'est pire, c'est même carrément gênant (Urusai)! Et cette année, qu'est-ce-que les rossignols chantent faux (héta)!"

J'aime bien les fleurs aussi, les regarder, et, à l'occasion en acheter un pot pour embellir mon balcon chez le sympathique fleuriste aux joues rondes toujours tout sourire à la sortie de mon supermarché. Ce jour-là, il y avait aussi, dans un coin, des pots de persil vraiment pas chers.  J'en prends un, le paie. Après m'avoir remerciée et avant que je ne me retourne pour rentrer chez moi, le monsieur ajoute gentiment: "Utilisez-le pour faire la cuisine Nééé". Encore une phrase de convenance à la Japonaise, où s'imaginait-il peut-être que la Gaijine (étrangère) qui vient de "par delà les mers" que je suis allait le poser en ornement dans son salon?

L'assistante de mon dentiste m'installe sur un fauteuil dans l'une des petites salles individuelles dont ils disposent. Sur les murs blancs repeints à neuf, de très beaux tableaux de paysages de mer tropicale, aux lignes pures et aux couleurs vives. Je trouvais ça très joli. J'en fais part à la dame, qui me répond par un rire composé d'une série de "heu heu heu heu...' du fond de la gorge. Sens? Je m'étais pourtant promis de ne plus faire de commentaire d'appréciation indépendants du contexte pour lequel j'étais là...

Toutes ces choses qui parlent

Nous venons de nous faire installer un nouveau détecteur de gaz et de fumée au plafond de notre cuisine. L'ouvrier nous dit que cette fois, il ne se contentera plus seulement de sonner l'alarme, mais nous informera aussi précisément, avec des mots, la nature du sinistre, gaz carbonique, gaz naturel, fumée, et nous dira d'ouvrir les fenêtres. Oui, de plus en plus de choses parlent dans ce pays, comme déjà depuis longtemps les véhicules prioritaires, pompiers, ambulances, ordonnant aux automobilistes de se pousser, les voitures de police, les voitures ordinaires même lorsqu'elles reculent, en disant pendant toute la durée de l'opération "Back shimasu" (Je fais un back), les ascenseurs... ma baignoire aussi, avec remplissage automatique, réglage du débit, de la température de l'eau: "Votre bain est bientôt prêt",  et après sa charmante mélodie thème jouée dans le style d'une boite à musique "Votre bain est prêt", ou alors "Attention, de l'eau chaude va sortir!". Oui, au Japon, nous sommes de parfaits assistés avec tous ces appareils de plus en plus humanisés, avec qui l'on va bientôt pouvoir communiquer et qui nous servirons, plus tard peut-être de famille! Mes toilettes, même si sophistiquées ne disent encore rien, mon autocuiseur à riz, mon four, mon réfrigérateur, ma machine à laver ne font pour l'instant encore que de la musique...

Pamplemousses bios ("bio" qui se dit ici "organic"!)

Ces fruits nous viennent généralement des Etats-Unis ou d'Afrique du sud remplis de pesticides dont il reste parfois des traces de poudre blanche.

Nous avons commandé ceux-ci à une ferme locale. Non, ils ne sont pas beaux donc invendables en supermarché, et, par conséquent, pas chers! Mais, à l'intérieur, ce sont des princes! Il suffit de les couper pour découvrir leur beau jaune solaire et juteux, leur puissant parfum d'agrume rafraichissant, et ce goût un peu doux, fruité, avec juste ce qu'il faut d'amertume et d'acidité. Un délice!

Sur ces notes de soleil , je vous dis à bientôt !

Kansaijin