Chroniques : le 15 mai 2020, toujours en "état d'urgence"
Konnichi wa
Oui notre situation d'"état d'urgence" se poursuit comme nous l'annonce deux fois par jour le haut parleur du quartier : "... afin d'éviter la propagation du virus, éviter au maximum toute sortie non nécessaire...". Moi qui n'ai, depuis mars, plus de travail jusqu'à nouvel ordre, je fais alors ma sortie quotidienne nécessaire. Et, je joggue plus que jamais! Sans masque! C'est que, je manque d'air, et je ne voudrais pas risquer une nouvelle cascade sauvage sur le bitume où sur des chemins de terre. Je ne suis toujours pas tout à fait remise de celle d'il y a un mois. En effet ma plaie au bras, nécrosée, s'est infectée, si bien que mon dermatologue a du me mettre sous antibiotiques. Depuis, je dois me rendre chez lui chaque semaine afin de surveiller l'évolution de la cicatrisation sous la crème et le pansement qu'il m'a prescrits. Eh oui, au Japon, et même les Japonais s'emmêlent les pinceaux, en cas de problème on ne sait jamais à quel méde(saint) se vouer! étant donné que les généralistes n'existent pas. Et, dans mon cas présent, il s'agit donc d'un dermatologue. J'ai du me renseigner dans une pharmacie. Bref, je le répète, faites attention, car si ce disgracieux pansement blanc cache-sourire peut, dit-on, nous protéger d'invisibles et insidieux virus, il nous expose aussi à des risques plus terre à terre on va dire!
Oui, je joggue, au bord de la rivière, ou de l'étang tout près de chez moi, mes pas font craquer en rythme le sable clair sous mes pieds, le soleil me bronze et me chauffe, la verdure des jeunes feuilles à foison est belle, je respire à pleins poumons ces effluves de nature, m'enivre de nuées de jasmins, les oiseaux lancent leurs concerts de pépiements divers et désordonnés plein le ciel, et, parfois cachés sous les iris, quelques grenouilles invisibles poussent de drôles de beuglements bovins. Je croise d'autres joggueurs, ou marcheurs rapides, ... une vieille dame tout en gris, je la contourne un peu dans un souci de respect de distance sociale anti-covid, et, d'un geste brusque elle penche alors son ombrelle dans ma direction à la manière d'un bouclier protecteur. Je souris. Je voudrais bien faire quelques promenades en voiture du côté de Kyôto, mais mon mari refuse car des véhicules à plaques provenant de préfectures externes seraient parfois caillassées par des locaux. Ambiance corona printemps 2020...
En passant beaucoup plus de temps chez moi, à la maison, je réalise maintenant vraiment à quel point mes installations et mes meubles ne conviennent pas à mon 1m65 de taille et semblent avoir été conçus pour un peuple de Pygmées! Pour vous dire, la hauteur de ma table à manger s'arrête à mi-cuisse, tout comme le tiroir de mon vaisselier où je range mes couverts, la surface de mon lavabo de salle de bain à peine plus haute, mon plan de travail pour cuisiner au niveau des poches de mon pantalon, la cuvette de mon WC juste en dessous du genou! Ah, et j'oubliais, ma planche à repasser aussi, mon aspirateur, ma poussette lorsque ma fille était bébé, les espaces de rangement dans les supermarchés... A chaque fois que je rentre d'Europe, ce sentiment vertigineux de basseur des choses qui m'entourent, où je me sens tout à coup géante, me frappe toujours, mais je m'habitue vite en me disant que je ne vais pas faire ma chochotte pour si peu, et qu'il me suffit de me baisser, pas la mer à boire quoi! Cependant, il faut avouer que tout ce cela, ces légères flexions intempestives à longueur de journée quand même, avec les années, insidieusement mais sûrement, m'ont esquinté le bas du dos, les cervicales et vont me ratatiner avant l'âge si le processus n'est pas encore amorcé. Oui, j'ai parfois des douleurs sourdes au bas du dos, au niveau des cervicales. "C'est normaaal, c'est l'âage", me dit-on "Shoo ga naï" (c'est comme ça, on y peut rien). Ben voyons. Dans un lucide éclair de colère, j'ai décidé de combattre. Naaaanh, ils ne m'abaisseront plus, ne m'étriqueront plus! Je veux rester droite, libérer mes muscles, laisser circuler mon énergie! J'en ai le drooooit! Bouquins sous les pieds de ma table à repasser, caissons sur la table de travail, sous l'autocuiseur à riz, sous la bouilloire, changement de tiroir pour mes couverts...
Une fois de plus, je vous le dis, sincèrement, et de toute façon je crois que la plupart de ceux qui me lisent ne sont pas sans savoir, même s'il est beau, passionnant, stimulant, à la longue, ce pays, parfois sans en avoir l'air, nous tanne psychologiquement et aussi physiquement; à très petit feu, nous, Occidentaux. C'est un fait. Et je défie quiconque d'étranger installé depuis plusieurs années, me disant qu'il s'y sent comme un poisson dans l'océan Pacifique!
Bon, il y a des problèmes, mais aussi des solutions originales! Je ne sais si cela est dû à de quelconques problèmes de hauteur de chaises où de bureaux, à quelques soucis de longueur de lanières de sacs, ou alors à de mauvaises habitudes posturales que je corrige au possible, mais je souffre aussi, depuis quelques temps de trigger points, ces noeuds musculaires dans la nuque, sous le crâne ou au niveau des épaules, lorsque je tape sur mon pc où que je porte des affaires. Une amie m'a conseillé ces magnets à coller dessus. L'effet n'est pas immédiat, mais se manifeste au bout de quelques heures. C'est magique! Ils peuvent rester collés jusqu'à 5 jours. Ils ont pour fonction de rétablir la circulation, ce qui détend le dit noeud! Il se vend en pharmacie, et je le recommande vivement!
Et Je vais terminer aujourd'hui cet article par ces traditionnelles jolies étégami 絵手紙 (lettres illustrées) du mois que nous a envoyées notre tante Michiyo.
A bientôt!
Kansaijin
Depuis mars, j'ai constaté une recrudescence de vente de mon livre. Je me demande bien pourquoi :) Merci à tous, et j'espère que vous en appréciez la lecture.
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Une année de ma vie au Japon - Mon exil - Anna Fujimoto
Ce fut pour Anna Fujimoto comme une intuition, une évidence, elle voulait faire sa vie au Japon. Voici donc une année de son existence au cœur du pays du soleil levant, une drôle de "planète" ...
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