Kyôto : Suzumushidera 鈴虫寺, le temple aux grillons
Tout en haut d'une envolée de marches ombragées, se niche le Suzumushi-dera, où toute l'année, et à toute heure, chantent les "grillons clochettes" des nuits d'automne.
A l'arrivée, nous trouvons le petit bâtiment de bois enveloppé d'un délicieux parfum d'encens rosé, poudré embaumant l'air chaud un peu humide de ce début d'été. L'intérieur, climatisé, même si ouvert sur le jardin, se révèle d'une délicieuse fraîcheur. Dans la grande pièce à tatamis où, inlassablement chantent les Suzumushis, nous prenons place sur nos Zabuton autour d'une longue table basse. D'habitude, du thé est servi accompagné d'un petit gâteau. Ce jour-là, période corona oblige, les masqués sont privés de boisson. C'est ici que le moine résident du temple vient nous parler avec un brin d'humour, une quarantaine de minutes de la manière de prier la divinité Jizô du bonheur (Kôfuku-Jizô 幸福地蔵), ceci agrémenté de quelques notions de philosophie bouddhiste. Tout cela, uniquement en japonais, alors, pour qui ne parle pas la langue, venez accompagné(e) d'un bon interprète!
Les visiteurs viennent ici, en principe afin de formuler un voeu, les mains jointes devant la statue de pierre de la divinité Jizô du bonheur qui se trouve à l'entrée du site. Celui-ci, unique au Japon, a la particularité de porter des sandales de paille pour pouvoir nous apporter, chez nous, en mains propres, notre demande. Il faudra donc, à la fin de votre prière aussi, lui donner votre adresse. Certains la crient même à tous vents! A vos stylos!
Le moine nous explique tout cela, en nous précisant qu'il faut se limiter modestement à une seule demande précise, non pas à quelque chose de général comme devenir heureux par exemple, ni demander l'impossible comme vous marier avec votre vedette préférée! A une époque où tout va si vite, où l'on trouve réponse à tout en un clic, il nécessite tout de même une certaine patience et quelques efforts de notre part.
Le bouddhisme nous dit aussi de lâcher prise sur le passé et l'avenir que nous ne pouvons contrôler, et, de s'épanouir pleinement dans le moment présent, en agissant de son mieux et sans crainte.
Je lui fus reconnaissante, ce jour, pour cette piqûre de rappel des règles élémentaires de vie pour un esprit serein. Cependant, à la fin de son discours, j'allai tout de même le trouver pour lui demander si, pour lui, le passé ne pouvait se révéler utile en guise de leçon pour l'avenir, afin d'éviter de reproduire les mêmes erreurs?
"Non, pas dans la philosophie bouddhiste", me répond-il fermement le sourire un brin embarrassé.
Aurait-il mal compris ma question? Aurait-il voulu dire simplement qu'il ne fallait se fustiger de nos erreurs, cultiver de ressentiment malsain envers des personnes s'étant montrées malveillantes, abimer son énergie à ressasser sans cesse sur ce que l'on aurait du, ou ne pas du, faire? Peut-être...
On pourra ensuite s'approcher des grandes cages de verre où vivraient, en tout, près de 4000 grillons évoluant, avec leurs longues pattes d'araignées en tournant leurs grandes antennes, en ton sur ton sur des amas de vieux bois humide, puis révélant leur hideuse silhouette foncée sur la chair claire d'une multitude de tranches d'aubergines, apparemment le mets favori de ces gros insectes.
Ils vivraient environ 110 jours, et, les mâles uniquement, chanteraient la moitié de leur vie.
Comme il est interdit de les photographier, voici cette vidéo Youtube, où vous pourrez vous délecter également de leur élégant concert.
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鳴いた!飼育している鈴虫の鳴き声 / bell ringing cricket
飼育している鈴虫が鳴き出しました。美しい鳴き声に感動したので動画撮影してみました。bell ringing cricket.When it comes to autumn, and enjoy listening to the s...
Ces insectes automnaux auraient été apportés il y a une trentaine d'années au sein de ce temple bouddhiste fondé en 1723, appelé autrefois Kegon-ji, par un moine tombé amoureux de leur musique apaisante. Préservés en un environnement propice à leur développement, ils se mirent à chanter tout au long de l'année.
Les Japonais associent souvent leur aspect à de gros cafards et je dirais qu' il n'ont pas tout à fait tort. Lorsque je leur parle avec plaisir de ce doux chant qui berce mes nuits d'automne, rabat-joie, ils me répondent que ce ne sont que des "Gokibuli" (cafards) qui font du bruit! A cause de cela, certains refusent catégoriquement de visiter ce temple repoussant par la présence de tous ces horribles "MouchIs" (insectes)! En postant une chenille sur mon compte Instagram, j'avais d'ailleurs noté la fuite de certains de mes followers!
Pour ma part, je rejoins aussi le club, féminin plutôt, des détesteurs de bestioles. Mais ici, très bien encadrés qu'ils sont, je me sens en sécurité!
Vient ensuite la visite du jardin, avec ses mousses, ses arbres, sa petite maison de thé au toit de chaume, sa vue sur Kyôto., embaumé, en cette mi-juin, du parfum vanillé très fort des buissons de gardénias. C'est enivrant. Pour l'amie française qui m'accompagnait, on dirait même des fruits trop murs.
La petite maison de thé. J'aime bien les mousses et les herbes qui poussent sur les chaumes du toit.
Avant de redescendre l'escalier, nous formulons secrètement notre voeu aux pieds du Kôfuku-Jizô dont le bouquet de fleurs cache les mythiques sandales!
Le Suzumushi-dera? Un simple temple qui sent bon et doté d'une ambiance plutôt originale!
Kansaijin
PRATIQUE:
Entrée 500 yen (juin 2021)
Accès: Des bus partent de la gare. Il y figure en grand Suzumushidera. Renseignez-vous à l'office du tourisme juste devant pour les horaires et la plateforme.
Nous y sommes allées par le train, ligne Hankyu (qui ne passe pas par la grande gare de Kyoto), arrêt Kamikatsura, deux stations avant Arashiyama. En une quinzaine de minutes à pied à travers un quartier calme aux jolies maisons.
La visite peut se coupler avec Le Kokedera (temple des mousses), où vous aurez réservé, ainsi que le Jizô-in, tout près.
Apparemment rien à manger dans les environs, si ce n'est, en contre-bas, ce petit restaurant à nouilles de sarrasin Soba そば. Assez cher mais très agréable ouvert sur l'extérieur, très propre et très sympa.
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