Chroniques: 6 semaines en Alsace, le retour ! Octobre 2022

Publié le par Kansaijin

Et nous voilà à nouveau dans la douceur d'octobre, où, malgré la tendance locale aux moroses couleurs et matières autonmnales, j'ose arborer encore quelques tenues estivales colorées, au milieu des 25 degrés que nous offrent ces journées. Des nuées du parfum exubérant des Kinmokusei embaument l'air. Les matins délicieusement frais s'imprègnent des chants joyeux d'enfants accompagnés d'énergiques notes de piano de leur Sensei qui émanent des fenêtres grand ouvertes des écoles maternelles. Ambiance.

Depuis le mois de septembre, comme chaque année qui passe, les chants des Kôlogi bercent nos nuits. Sérénité. Apaisement.

Il y a un mois déjà, que je suis rentrée après six semaines passées dans mon Alsace natale. Cela faisait trois ans.

J'étais partie d'un pays aux visages masqués, avais transité à Taipei, dans un aéroport lugubre aux commerces fermés, confinée avec les autres passagers dans une salle close sans fenêtres, escortée par des employés en tenue de cosmonautes, avec masque et visière de plastique, pour arriver à Paris où le covid semblait ne jamais avoir existé. Vos confinements et passes sanitaires semblaient relever d'une légende. 

J'étais en France, et je respirais cet air, si familier, si évident pour moi. Oui, être là me semblait d'une évidence presque étrange! Trois ans, ce fut long!

Que mon pays natal est beau, son architecture, ses villes, ces paysages légendaires! et qu'il se détériore! Les cars Air France n'existent plus! Ces cars qui faisaient la navette entre l'aéroport et le centre de Paris. Une blague! Il ne reste que les taxis et le RER!  Le RER, bondé, à l'heure de départ incertaine, qui met une éternité aspirant et deversant à chaque gare ses passagers qui se marchent dessus... jusqu'à une station de métro de la capitale sans escalator. Aah, la France!

Et toutes ces gares rurales fermées, délabrées aux relents d'urine, aux bornes à billets qui ne fonctionnent pas... Ce service parfois, ou dans un supermarché, la femme qui ferme sa caisse renvoie tel un malfrat et d'un ton directoire le client qui arrive.  Nostalgie de la propreté, de la sérénité ambiante, des excuses et du respect à la japonaise...

Enracinement, spontanéité. Tout glisse, va de soi, comme huilé, au milieu de la famille dont je suis issue, des gens qui me ressemblent tant dans leur aspect physique que dans leur gestutelle, leurs réactions, leurs aspirations... leur rire!

L'été est passé, avec sa chaleur, la recherche de l'eau pour s'y baigner, les repas en terrasses avec leur lot de guêpes, notre art de vivre, notre nonchalance, les femmes, quelque soit leur âge, leur physionomie, en petites robes au dessus du genou... 

Puis septembre aux brumes matinales qui se déchirent sur la campagne, l'opulence et la générosité des grappes de raisin sur les vignes, les vendanges, l'odeur du moût s'échappant des cours des fermes, la rentrée des classes avec ses cris mêlés d'enfants dans les fraicheurs humides des matins, sous les maronniers... 

Et j'ai souri, devant toutes ces ébauches de jardins japonais sans l'esprit devant certaines maisons, en desharmonie avec elles, ces bananiers qui ne donnent rien et que beaucoup persistent à planter, bambous, tout cela dans une recherche d'exotisme, cette évasion que je cherchais, moi aussi, avant de partir...

Et je suis retournée au pays du soleil levant, dans le monde du covid que j'avais oublié, la rigidité, l'ordre drastique, protocolaire, l'accueil froid et sérieux de gens en combi anti-virale...

Comme toujours, sur la route du retour depuis l'aéroport du Kansai, je constate la mocheté de l'architecture urbaine ordinaire, sans conhésion, de ponts rouillés, murs sales, amas de bric à brac bardé de néons à Kanjis qui colorent et animent les nuits, imposants immeubles austères numérotés, commerces, commerces, publicités décaties, posters de politiques aux sourires cireux, brandissant parfois un poing signifiant leur persévérance et leur combativité... Aucune recherche du beau, de poésie, le pratique, le fonctionnel... Tout ce qui fascine en somme lors d'une première immersion au Japon, jusqu'à trouver cela même beau! Au milieu de tout cela, il s'agit de trouver les îlots, les perles de raffinement et de beauté, cibler son regard en abstraction... vivre les saisons qui apportent leurs couleurs, leurs parfums, leurs sons, leurs délices...

A très bientôt pour de nouvelles aventures jolies balades au pays du soleil levant!

Diana, regénérée !

 

 

 

Chroniques: 6 semaines en Alsace, le retour ! Octobre 2022

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article